Les prix littéraires franco-canadiens
Les prix littéraires franco-canadiens
Plusieurs projets de recherche menés par Lucie Hotte ou auxquels elle a participé ont porté en tout ou en partie sur les prix littéraires francophones en contexte minoritaire. Ces travaux ont permis de mieux comprendre les enjeux et les défis d’offrir des prix littéraires aux productions publiées dans les communautés francophones en situation minoritaire.
- Le projet Construction d’une mémoire française à Ottawa avait comme objectif de mieux connaître la vie en français dans la capitale nationale par une étude de sa population, de ses institutions, de ses réalisations et de ses ambitions. Les revues franco-ottaviennes ont fait l’objet des recherches menées dans le cadre du volet «_Culture – Institutions_» par Joël Beddows (théâtre) et Lucie Hotte (édition). Les résultats ont été publiés dans Ottawa, lieu de vie français. Visitez également l’exposition virtuelle Vie française dans la capitale.
- Le projet Réseaux littéraires franco-canadiens a permis d’entrer dans une base de données les informations concernant les revues des communautés francophones en situation minoritaire.
À lire_:
- Lucie Hotte, Joël Beddows et Isabelle Kirouac Massicotte, «_Ottawa, capitale culturelle?_», dans Anne Gilbert, Linda Cardinal, Michel Bock, Lucie Hotte, François Charbonneau (dir.), Ottawa : lieu de vie français, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2017, p. 239-280.
- Lucie Hotte, «_Construire la mémoire d’une communauté : le cas de la francophonie ontarienne_», Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes, no 30-31, automne 2016-printemps 2017 (paru au printemps 2019), p. 15-31.
Prix littéraires franco-ontariens
Le Prix littéraire Trillium est le plus important et prestigieux prix littéraire en Ontario. Le Trillium Book Award est lancé en 1987 par le gouvernement de l’Ontario et a pour but de célébrer l’excellence et la diversité d’écrivaines et d’écrivains ontariens.
Alors que ce prix avait l’intention de reconnaître toute la littérature ontarienne, francophone comme anglophone, aucun écrivain franco-ontarien ne l’a reçu lors des sept premières éditions du prix. Par conséquent, l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF), appuyée de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO), a mis de l’avant des efforts pour que soit créé un prix Trillium francophone qui mettrait à l’honneur les livres franco-ontariens et contribuerait à l’essor économique du milieu de l’édition. Le volet francophone du prix est lancé en 1994 sous le nom de « Prix littéraire Trillium ». En 2003, s’ajoute le Prix de poésie Trillium, décerné à des poètes émergents et qui, depuis 2006, est décerné tous les deux ans.
Ontario Créatif, un organisme gouvernemental du ministère des Industries du patrimoine, du sport, du tourisme et de la culture, décerne le prix aux auteurs et autrices d’œuvres appartenant à des genres variés dont le roman, le théâtre, la littérature jeunesse ou la poésie.
Le premier Prix littéraire Trillium a été remis à Andrée Lacelle pour Tant de vie s’égare en 1995. Une liste des récipiendaires ainsi que la description du prix se trouve sur le site d’Ontario Créatif : https://ontariocreates.ca/fr/our-sectors/book/trillium-book-award.
Références
Marshal, S. (2 septembre 2012). « Prix littéraire Trillium », L’encyclopédie canadienne, [En ligne]. [https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/prix-litteraire-trillium] (Consulté le 16 mars 2022).
Ontario Créatif (s. d.). « Prix littéraire Trillium », Ontario Créatif, [En ligne]. [https://ontariocreates.ca/fr/our-sectors/book/trillium-book-award] (Consulté le 16 mars 2022).
Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds C ACFO (C2), Lettre de Jean Tanguay, président de l’ACFO, à Anne Swarbrick, ministre de la Culture, du Tourisme et des Loisirs de l’Ontario, 2 mai 1994, C2-63/2/25.
Le prix Alain-Thomas est offert par l’Association des auteurs et auteures de l’Ontario français (AAOF) et le Salon du livre de Toronto pour récompenser l’excellence dans le milieu littéraire franco-ontarien. Il est remis chaque année à un.e auteur.e franco-ontarien.ne lors du Salon du livre de Toronto à une œuvre de «–création littéraire en version originale française, [publiée] chez un éditeur professionnel–» et correspondant à l’un des «–genres suivants : poésie, roman, nouvelle, théâtre, conte, récit, biographie, essai non académique–». Selon les règlements du prix Alain-Thomas, «–une auteure franco-ontarienne ou un auteur franco-ontarien–» doit avoir «–résidé en Ontario pendant au moins 3 des 5 années précédant sa candidature–» (AAOF, 2020, p.1).
Fondé en 1993, en même temps que le Salon du livre de Toronto, ce prix se nommait d’abord le Grand Prix du Salon du livre de Toronto. En 1999, il devient le prix Christine-Dumitriu-van-Saanen afin d’honorer la fondatrice du Salon du livre de Toronto. En 2020, le prix change encore une fois de nom, cette fois-ci à la mémoire du professeur de littérature qui a siégé pendant plusieurs années en tant que président du comité de sélection du prix.
Les deux récipiendaires du prix Alain-Thomas sont Gabriel Osson, pour son roman Le jour se lèvera (2021), publié aux Éditions David, et Janine Messadié, pour son récit épistolaire Lettre à Tahar Ben Jelloun (2022), publié aux éditions L’Interligne.
Parmi les récipiendaires du Grand Prix du Salon du livre de Toronto et du prix Christine-Dumitriu-van-Saanen, il y a notamment Gabrielle Poulin, Marguerite Andersen, Andrée Christensen, Aristote Kavungu, Melchior Mbonimpa, Claude Guilmain et Michel Dallaire.
Pour une liste complète des récipiendaires, voir la page Wikipédia du Salon du livre de Toronto : https://fr.wikipedia.org/wiki/Salon_du_livre_de_Toronto
Références
Association des auteures et des auteurs de l’Ontario français [AAOF] (2020). «–Prix Alain-Thomas 2020 (Salon du livre de Toronto) RÈGLEMENTS – AAOF–», Association des auteures et auteurs de l’Ontario français, [En ligne]. [https://aaof.ca/wp-content/uploads/2020/11/R%C3%88GLEMENT-PRIX-ALAIN-THOMAS.pdf] (Consulté le 24 mars 2022).
Salon du livre de Toronto (s. d.). «–Prix Alain-Thomas–», Salon du livre de Toronto, [En ligne]. [https://www.salondulivredetoronto.com/prixlitteraires] (Consulté le 24 mars 2022).
Prix littéraires de l'Acadie
Fondé en 1998, le Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie comporte trois volets : le prix annuel, le prix Volet jeunesse Richelieu et le prix quinquennal.
Nommé d’après l’écrivaine acadienne Antonine Maillet, ce prix vise à « reconnaître des Acadiens et Acadiennes qui, par la qualité de leur travail dans le domaine littéraire, contribuent au rayonnement et à la promotion de l’Acadie dans le monde » (UNI Assurance, s.d. : en ligne).
Ce prix a été constitué à l’aide d’un fonds de dotation de 400 000 $ par Acadie Vie, « une entreprise d’assurance affiliée au Mouvement des caisses populaires acadiennes » (UNI Assurance s.d. : en ligne), qui s’affiche désormais sous la bannière UNI Assurance. Le prix compte aussi sur les partenaires suivants : Antonine Maillet, la Ville de Caraquet et Richelieu International District Maritimes-Acadie.
Le prix annuel récompense une œuvre publiée par une maison d’édition dans l’un des genres admissibles (roman, poésie, nouvelle, conte, récit, théâtre et essai à caractère littéraire). Le genre ayant le plus été récompensé à ce jour est la poésie, avec onze titres gagnants. La fiction (romans et nouvelles) suit avec huit œuvres lauréates. Une pièce de théâtre et un essai ont aussi été récompensés au fil des ans. Deux œuvres pour la jeunesse (un roman et une pièce de théâtre) l’ont en outre remporté. La grande majorité des œuvres lauréates émanent de deux maisons d’édition : douze d’entre elles ont été publiées par la maison d’édition Perce-Neige de Moncton, et cinq par Prise de parole, maison située à Sudbury en Ontario. Les gagnants du prix annuel reçoivent une bourse de 4 000 $, un trophée et un certificat.
Le Volet jeunesse récompense une œuvre non publiée écrite par un auteur ou une autrice de 15 à 25 ans. Il est assorti d’une bourse de 1 000 $, d’un trophée et d’un certificat.
Le prix quinquennal, quant à lui, est remis tous les cinq ans à un écrivain ou à une écrivaine qui a su se distinguer pour l’ensemble de son œuvre. En 2003, il a été remis à Herménégilde Chiasson, en 2008, à Calixte Duguay, en 2013, à Claude Le Bouthillier, et en 2018, à Hélène Harbec. Il s’accompagne d’une bourse de 5 000 $, d’une médaille en bronze et d’un certificat.
Références
UNI Assurance (s.d.). « Partenaires », Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie, [En ligne], [https://prixlitteraire.uni.ca/html/partenaires] (6 octobre 2023).
UNI Assurance (s.d.). « Règlements », Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie, [En ligne], [https://prixlitteraire.uni.ca/html/reglements] (6 octobre 2023).
UNI Assurance (s.d.). « Accueil », Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie, [En ligne], [https://prixlitteraire.uni.ca/html/accueil] (6 octobre 2023).
Prix littéraires de l'Ouest
Le prix littéraire Rue-Deschambault, nommé d’après la rue où a grandi Gabrielle Roy, a été fondé en 2001. Il récompense de façon bisannuelle « l’écrivain manitobain ayant publié le meilleur livre en français » (Prix du livre du Manitoba, s.d. : en ligne). Tous les genres littéraires y sont admissibles, mais pas les ouvrages universitaires. Parmi les onze titres ayant remporté ce prix depuis 2001, six étaient des recueils de poésie, quatre étaient des œuvres de fiction, et un était un essai. Tous les livres gagnants sauf deux ont été publiés aux Éditions du Blé.
Le prix littéraire Rue-Deschambault fait partie de la gamme des Prix du livre du Manitoba, et il est le seul à récompenser exclusivement des œuvres francophones. Les œuvres en français sont cependant aussi admissibles à certains autres prix bilingues, nommément :
- Le prix Alexander-Kennedy-Isbister pour les études et essais
- Le prix littéraire Carol-Shields de la ville de Winnipeg
- Le prix Chris-Johnson pour la meilleure pièce par un dramaturge manitobain
- Le prix Lansdowne de poésie
- Le prix Manuela-Dias de conception graphique et d’illustration en édition
- Le prix Mary-Scorer pour le meilleur livre par un éditeur du Manitoba
On ne recense toutefois aucun gagnant francophone pour le prix Alexander-Kennedy-Isbister (essai) ni pour le prix Chris-Johnson (théâtre). Au fil des ans, deux ouvrages francophones ont remporté le prix Carol-Shields (Saint-Boniface 1908-2008 : reflets d’une ville d’André Fauchon et Carol J. Harvey, et Mont Blanc Winnipeg Express de Seream). Un seul poète francophone a remporté le prix Lansdowne (J.R. Léveillé, avec Poème Pierre Prière). Léveillé est aussi l’un des deux francophones à avoir remporté le prix Manuela-Dias, pour le même recueil. L’œuvre Pauline Boutal, Destin d’artiste de Louise Duguay l’a aussi remporté, de même que le prix Mary-Scorer.
Les écrivains et écrivaines qui s’expriment en français et qui répondent à des critères bien précis peuvent aussi être considérés pour ces deux prix :
- Le prix John Hirsch de l’écrivain.e émergent.e manitobain.e
- Le prix Manitowapow
« Les Prix du livre du Manitoba / Manitoba Book Awards rendent hommage à l’excellence de l’écriture, l’édition, la conception de livre et l’illustration en édition au Manitoba » (Prix du livre du Manitoba s.d. : en ligne) et la valeur monétaire de chaque prix varie selon la disponibilité des fonds.
Références
Prix du livre du Manitoba (s.d.). « Le Prix littéraire Rue-Deschambault », The Manitoba Book Awards / Les Prix du livre du Manitoba, [En ligne], [https://manitobabookawards.ca/index.php/guidelines/prix-litteraire-rue-deschambault/] (consulté le 13 octobre 2023).
Gouvernement du Manitoba (2001). « Annonce d’un nouveau prix de littérature francophone », Province du Manitoba, [En ligne], [https://news.gov.mb.ca/news/index.fr.html?item=25026&posted=2001-03-30] (consulté le 13 octobre 2023).
Prix pancanadiens
Le prix Champlain, attribué annuellement depuis 1957, a été fondé par le Conseil de la vie française en Amérique, un organisme actif de 1937 à 2007. Son premier lauréat a été Lionel Groulx. Se sont distingués, au fil des années, des auteurs et autrices tels qu’Antonine Maillet, Patrice Desbiens, Jean Marc Dalpé, Herménégilde Chiasson et France Daigle (Paradis, 2016 : en ligne).
De 2007 à 2016, le prix Champlain a été administré par le Salon international du livre de Québec. L’année 2016 est la seule où aucun gagnant n’a été couronné, et elle marque le passage vers une nouvelle formule bonifiée. Depuis, le prix est sous l’égide du Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC), en collaboration avec divers partenaires : Centre de la francophonie des Amériques, le Salon du livre de l’Outaouais, Communication-Jeunesse, de même que l’appui financier du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (REFC, 2023 : en ligne).
Selon le REFC, le prix poursuit cinq objectifs :
- « promouvoir et […] mettre en valeur la vitalité et la qualité de l’activité littéraire dans l’ensemble des communautés de langue française au Canada »;
- « participer au développement des communautés francophones et acadiennes au Canada »;
- « promouvoir et […] encourager l’utilisation du français au Canada »;
- « renforcer les liens entre les Québécois et les francophones et francophiles du Canada »;
- « favoriser l’adhésion à une francophonie inclusive à l’échelle pancanadienne » (REFC 2023 : en ligne).
De 2012 à 2015, une œuvre de fiction et une œuvre érudite étaient récompensées chaque année. Depuis 2018, les catégories ont changé : le prix couronne désormais une œuvre jeunesse et une œuvre pour adultes par année. Chacun des deux volets est assorti d’une bourse de 3 000 $ (REFC, 2023 : en ligne). Des mentions honorables ont aussi souvent été décernées au fil du temps.
Les critères ont varié au fil du temps, mais en date de 2023, l’admissibilité au prix est déterminée par le respect d’au moins deux des trois critères suivants : 1) avoir la citoyenneté canadienne (ou la résidence permanente), mais être né hors du Québec; 2) avoir son domicile au Canada, mais hors du Québec; 3) avoir fait publier son œuvre par un éditeur canadien ou étranger, mais hors Québec. Les œuvres de divers genres littéraires (poésie, essai, fiction, théâtre) sont admissibles (REFC, 2023 : en ligne).
Parmi les 67 titres individuels (excluant les mentions honorables et les prix remis pour l’ensemble d’une œuvre) visant un public adulte ayant remporté le prix depuis sa fondation, 37 étaient des essais ou ouvrages érudits (dont trois anthologies ou éditions critiques), 19 étaient des œuvres de fiction (romans ou nouvelles) et 11 étaient des œuvres de poésie.
Une analyse de la liste des titres gagnants et gagnantes permet de constater que le prix a historiquement récompensé à peu près autant d’auteurs et d’autrices des provinces de l’Atlantique que de l’Ouest du pays (24 % dans les deux cas). C’est l’Ontario qui compte le plus grand nombre de lauréates et de lauréats (40 %). Le reste des gagnantes et des gagnants venaient de la Nouvelle-Angleterre (6 %), du Québec (5 %) et de la Louisiane (1 %).
Le jury, composé de trois membres, se veut représentatif d’une diversité de régions du Canada (REFC, 2023 : en ligne). Selon Pamela V. Sing, « nul ne saurait nier l’importance symbolique » de ce prix (2016 : 53). En effet, il « offre une vitrine de choix pour faire découvrir des auteurs francophones et acadiens du Canada, ambassadeurs de notre langue, de sa richesse, de sa diversité et de sa beauté », selon Jean-Marc Fournier, ancien ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne (Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, 2018 : en ligne).
Références :
REFC (2023). « Prix Champlain », Regroupement des éditeurs franco-canadiens. [En ligne]. [https://refc.ca/initiatives/prix-champlain/] (6 octobre 2023).
SING, Pamela V. (2016). « L’écrivain imaginaire dans la nouvelle de l’Ouest : Marguerite-A. Primeau, Lise Gaboury-Diallo, Gisèle Villeneuve et Claudine Potvin », Cahiers franco-canadiens de l’Ouest, vol. 28, no 1, p. 45-79. [https://doi.org/10.7202/1036748ar]
Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (2018). « Prix Champlain : la littérature franco-canadienne célébrée à Québec », Gouvernement du Québec. [En ligne]. [https://www.sqrc.gouv.qc.ca/secretariat/salle-de-nouvelles/communiques/details-en.asp?id=328] (6 octobre 2023).
Paradis, Josée-Anne (2016). « Le Prix Champlain relancé! », Revue Les libraires, [En ligne], [https://revue.leslibraires.ca/actualites/les-prix-litteraires/le-prix-champlain-relance/] (6 octobre 2023).